30 000 mille coureurs pour l'unité!
Ce dimanche 7 novembre, j'ai eu la chance de pouvoir participer à un grand évènement de l'actualité libanaise: le Marathon de Beyrouth.
Un évènement qui excitait beaucoup les jeunes de l'école. 2h00 de route où l'explosion de joie et de chants était reine! En France, le chauffeur aurait, au choix, ou dégainé une arme à feux ou alors sombré dans la dépression (tout le monde debout à danser et taper dans les mains en rythme, à manger le délicieux pain libanais fourré de Labné et donc à mettre des miettes partout... trajet trèèèès loin de mes souvenirs de voyages scolaires), mais lui aussi semblait tout chose. Dans une atmosphère "raï-isante" , nous avons donc filé en direction de Beyrouth, étreinant nos beaux tee-shirt jaunes représentants la région de la Bekaa. Je ne parlerai plus de la conduite libanaise. Mais je l'avoue: j'ai prié... Quand tu vois 5 bus scolaire arriver en même temps dans un carrefour et dont tous les chauffeurs sont au téléphone, la confiance ou la foi deviennent tes alliés. Passons...
Je n'ai pas trop compris de quoi il s'agissait en arrivant. Me laissant porter par les évènements, j'ai seulement compris au bout de deux km que le départ avait été donné (un peu boulette la fille... mais je ne comprends pas l'arabe) Nous nous sommes donc élancés tels des gazelles (gazelle en chaussures de marche pour ma part, seule fille de Beyrouth à me tartiner le visage toutes les heures de crème +50...) L'ambiance était festive, jouissive même. Tous les participants défilaient en souriant sous un ciel magnifique, dans une ambiance musicale, sportive et pleine de rencontres. Je suis restée avec les jeunes de l'école, abandonnant le projet de me sculpter un corps de rêve dans un footing inoubliable. Pour les coureurs, le parcours était un peu plus long... plus de 42 km.
Ce fut l'occasion d'avoir, tout d'abord, un aperçu de Beyrouth. L'atmosphère urbaine était pour la citadine que je suis plutôt rassurante (Hadath est en effet énormément reculé) La ville se relève doucement mais surement des assauts de 2006. Beaucoup d'immeubles sont détruits, abandonnés, mais beaucoup sont reconstruits. On assiste de fait à une longue et, assez étonnement, belle valse de grues multicolores qui se découpent dans le ciel. Parfois, il est amusant de croiser entre les buildings de vieilles maisons , souvenirs d'une ville qui aujourd'hui n'existe plus.
Ces 10km de marche m'ont également permis une rencontre avec la diversité libanaise. Tchador, simple voile, habit religieux, parcelles de corps plus ou moins dévoilées -pour ne pas dire parfois dénudés- cohabitaient sans aucun regard de haine ou d'incompréhension. L'unité était aussi présente dans les nombreux lieux religieux croisés: mosquée, église maronite, melchite, orthodoxe, protestante...Diversité également dans les constructions et les différents quartiers parcourus*.
Ce fut également l'occasion de passer du temps avec les élèves de cinquième et quatrième. De belles rencontres donc, mais une réalité: le chemin sera long pour moi à l'école... ne pas parler ni comprendre l'arabe est en effet très handicapant. Pour la première fois également, j'ai ressenti de façon intense ce que signifiait les mot "étranger" et "solitude".
Enfin, de nombreuses ONG et associations étaient présentes, portant fièrement leurs couleurs -et foulards scouts!!- et slogan: pour la paix, l'entraide, la préservation de l'environnement, la recherche médicale... l'espoir étant la couleur commune de cette palette pleine de diversité. C'est une des choses qui me marquera longtemps.
Plus d'infos ici ou là. Photos ici
* pour les connaisseurs:nous sommes partis de l'avenue Gamal Abdel Nasser, puis nos pieds nous ont porté à Tayyouneh, Omar Beyhum, aux avenues Hamid Frangié, Imam Khomeyni, Imam Sadr, Hadi Nasrallah, Béchara el-Khoury, Abdallah Yafi, puis dans la Galerie Semaan, dans les rues Gharios, Damas, Chevrolet, Youssef el-Hayek, au Marché du dimanche, à la corniche Pierre Gemayel, dans les rues d'Arménie, de St-Joseph, sur la route côtière, Zalka, Jal el-Dib, la Marina Dbayé, pour finalement retourner au point d'arrivée, prévu à la place des Martyrs.
Les photos 1 et 5 ne sont pas de moi, mais de Sr Joumana et d'un bel et sombre inconnu (cass dédi à ce grand woody!)